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Trois questions à……… ……. Mme Niang Yaram Fall, vice-présidente de la Fenagie/Pêche

‘’Il faudra que les autorités locales appuient les calebasses à travers leur politique de développement et puissent s’orienter et regarder d’un autre œil ces actions que les populations sont en train de développer’’

Nouvellement élue conseillère départementale à Saint Louis du Sénégal, Mme Niang née Yaram Fall est une femme leader spécialisée dans le sous secteur de la transformation des produit halieutiques. Son leadership incontesté lui a valu de porter plusieurs casquettes : vice-présidente de la Fenagie/Pêche, vice-présidente de la commission pêche du Conseil National de Concertation et de Coopération des Ruraux, CNCR, présidente du collège des femmes du CNCR, mais aussi ancienne présidente du Réseau National des Organisations de Lutte contre la Soudure et l’Endettement, RENOLSE. C’est à cette dame multidimensionnelle que la rédaction de Nat-Bi a rendu visite pour un entretien sur les calebasses de solidarité et leurs impacts, l’autonomisation des femmes membres de ces dites calebasses.

Nat-Bi : Mme Niang Yaram Fall, vous avez été présidente du Réseau National des organisations de lutte contre la Soudure et l’Endette et vous dirigez une calebasse dans votre quartier Guet Ndar à Saint Louis. Peut-on avoir une idée de la situation de ces calebasses à Saint Louis ?

Yaram Fall : La situation des calebasses de solidarité à Saint Louis est assez satisfaisante. Même s’il reste beaucoup à faire, il y a une certaine appropriation. Au niveau du secteur de la pêche, on faisait presque la même chose même si l’appellation était différente. On faisait ces activités d’entraide et de solidarité. Quand une femme ne parvenait pas à avoir de ressources financières pour s’approvisionner en matières premières, il y avait un membre de la famille ou une personne proche qui lui prêtait de l’argent et qu’elle remboursait après la vente sans frais. Et même au niveau de la FENAGIE/PECHE, on avait une activité identique qu’on appelait des caisses rouges pour secourir une personne en situation de difficulté, des caisses bleues pour le financement et des caisses vertes pour l’organisation d’activités sociales. La calebasse est une stratégie endogène très prospectrice parce qu’on peut dire qu’avec cet instrument, les femmes parviennent à dérouler certaines activités au niveau de la famille comme par exemple les problèmes de santé et d’éducation des enfants et même quelques problèmes sociaux aussi. En atteste qu’en 2018 avec l’impact des changements climatiques et l’érosion côtière, on a vu des activités s’orienter dans ce domaine-là parce que les membres du Gie Bokk Khol Jambar ont accompagné des familles à assurer le transport parce que la mer avait détruit leurs maisons. Ces familles là, très démunies, n’avaient pas de quoi transporter leurs matériels à leurs nouveaux lieux d’hébergement mis à disposition par l’Etat. Mais aussi la disposition de nourritures pendant quelques années, sans compter le transport des enfants pour aller à l’école afin d’éviter qu’ils abandonnent les cours faute de moyens. On nous reproche souvent que dans le milieu des pêcheurs, il y a beaucoup d’enfants qui ne vont pas à l’école et c’est un combat que nous sommes en train de mener.

Peut-on, néanmoins, retenir que les membres des calebasses et leur famille respective ressentent positivement l’impact de ces calebasses dans leur vécu quotidien ?

L’impact des calebasses de solidarité est réel. Mais, compte tenu des circonstances et des évènements nouveaux. En effet, le secteur de la pêche traverse des difficultés de raréfaction de la ressource lié à l’exploitation du gaz et du pétrole mais aussi et surtout une pêche abusive non réglementée. Toutes ces difficultés, je pense, ne militent pas à une bonne mise en place de mécanismes de survie. Des mécanismes qui, comme j’ai l’habitude de dire, sont des voix de sortie pour ne pas dire des stratégies de survies très adéquates. Cependant, il faut nécessairement avoir l’appui des autorités et des partenaires. Etant donné que les revenus ne suffisent plus, si nous devons faire des apports volontaires anonymes, cela impacte sur les revenus de la calebasse. Pour dire la nécessité qu’il y a de trouver d’autres stratégies pour renforcer le financement de ces calebasses de solidarité. Parce qu’au niveau du site, on a vu des calebasses qui financent les femmes en termes d’approvisionnement et qui appuient aussi dans la prise en charge médicale des membres. A titre d’exemple, Il y avait une femme qui était admise à l’hôpital et qui n’avait pas les moyens devant lui permettre de faire face à ses charges hospitalières. Sa calebasse est intervenue pour assurer l’intégralité des frais médicaux. Maintenant elle est guérie et a repris son travail et a commencé à rembourser son prêt. Ce sont là des actions nobles qui méritent d’être consolidées par le renforcement des calebasses afin de leur permettre de résoudre la priorité des difficultés.

 Aujourd’hui vous êtes élue conseillère départementale. Avec cette posture qui vous rapproche des instances de décision peut-on s’attendre à ce vous portez le plaidoyer des calebasses de solidarité ne serait qu’au niveau département ?

Tout d’abord j’appuie les femmes à convoquer des réunions.  Et avec l’arrivée de la FENAGIE qui avait décidé d’installer des unions locales de base à Saint Louis, j’ai été coptée en qualité d’animatrice de zone. Et avec les séminaires de renforcement de capacité, j’ai eu à développer un certain leadership. Au tout début, à la veille de la Tabaski, le Gie distribuait des denrées à ses membres parce que la période de Tabaski coïncidait avec la soudure dans le secteur de la pêche. Mais constat a été fait que les familles ne remboursaient pas les prêts qu’elles contractaient. C’est la raison pour laquelle, quand le RENOLSE est venu, les populations ont vite fait de s’approprier la démarche. Surtout qu’elle permettait de renforcer aussi les calebasses mais aussi les rapports entre membres d’une même communauté. Compte tenu des difficultés actuelles liées à la crise mondiale, il va falloir recourir à d’autres mécanismes pour renforcer les calebasses. Mieux, il faudra que les autorités locales les appuient à travers leur politique de développement et puissent s’orienter et regarder d’un autre œil ces actions que les populations sont en train de développer à la base afin de leur apporter leur appui technique, financier et même les accompagner dans la recherche d’autres partenaires qui évoluent dans le même secteur d’activité. Ce combat je vais le porter au niveau des instances.

 Propos recueillis par Sidy Dieng

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