A Boukhou, une des zones d’intervention d’ACCES (Actions Concertées pour l’Entraide et la Solidarité), établie à Sindia dans la commune de Diass, le réseau des calebasses de la localité pour procéder aux opérations dites d’achats groupés, cette mi-janvier. Un monticule de produits alimentaires, sacs de riz, bidons d’huile, sacs d’oignons, de farine, de mil, de maïs entre autres détergents et savons, d’une valeur de près de deux millions de F CFA, va être distribué aux membres des réseaux qui avaient exprimés leurs besoins la veille.
Un monticule de denrées alimentaires prêt à être distribué aux bénéficiaires
Il est presque 17 heures passées de quelques minutes au village de Boukhou, une petite bourgade de la commune de Diass dans la région de Thiès. Le Soleil déclinait à l’horizon comme pour accompagner le muezzin qui appelait les fidèles à la prière. Dans une maison jouxtant la mosquée, un groupe de femmes assises sur des chaises en plastiques formait un cercle au milieu duquel se trouvait un monticule de produits alimentaires, sacs de riz, bidons d’huile, sacs d’oignons, de farine, de mil, de maïs entre autres détergents et savons. Un peu plus loin, au coin d’un mur se trouvait des sacs de ciment. Accompagnés de la chargée de projet à Acces (Actions concertées pour l’entraide et la solidarité), appui à la réduction de la pauvreté et promotion du développement durable, Mme Seck, Fatou Gueye, l’équipe de reporters que nous constituons prend place après les salamalecs d’usage. On était le 14 du mois de janvier, date retenue par le réseau des calebasses de la localité pour procéder aux opérations dites d’achats groupés. Aussi la chargée de projet de se faire le devoir d’expliquer. « Nous avons ici un réseau de calebasses qui se réunit le 13 du second mois de chaque bimestre pour non seulement faire des AVA et faire du bouillon local mais aussi organiser des activités d’achats groupés. Pour ces activités d’achats groupés, chaque calebasse fait le recensement des besoins exprimés par ses membres qu’elle dépose au niveau du réseau. C’est après dépôt que le réseau se réunit pour faire le récapitulatif des besoins exprimés avant de faire la commande auprès de son commerçant fournisseur, des quincailleries et des marchés locaux selon les produits demandés par les bénéficiaires. La deuxième rencontre c’est le jour du partage où chaque calebasse vient récupérer sa commande. Nous sommes en partenariat avec un commerçant qui se charge de la livraison des commandes au lieu de la rencontre. Nous ne payons pas de frais de transport compte tenu de la quantité importante de produits que nous lui commandons ».
Toujours dans ses explications, elle fait savoir que, pour cette présente séance, le réseau a commandé de la marchandise, auprès de ce dit commerçant, pour une valeur d’un million six cent cinquante mille francs, 1.650.000 francs Cfa. Sans compter le ciment acquis auprès d’une quincaillerie de la place pour une quantité de deux tonnes et huit sacs pour les membres qui sont en train de construire des toilettes, des cuisines ou qui entreprennent des travaux de réparation au niveau de leur domicile. Il y a aussi des équipements de maison comme des chaises, des rideaux, des draps de lit entre autres besoins exprimés par les femmes pour améliorer leur confort et leur mode de vie. A ce titre les témoignages de certains membres sont des plus qu’éloquents. De ces membres, la dame, Coumba Diouf. « Nous remercions le Bon Dieu de la mise en place de notre calebasse et moi la première. J’ai toujours rêvé d’une cuisine moderne et grâce à la calebasse, ce rêve est aujourd’hui devenu une réalité. Je préparais les repas dans une cuisine en paille avec tous les risques que cela peut entrainer. L’odeur de la fumée me collait sur la peau même après avoir pris le bain et même m’être aspergée de parfum. Mieux nous ne perdons plus notre temps à l’ombre des arbres où nous avions l’habitude de nous rassembler tous les après-midi pour boire du thé et deviser de choses et d’autres. Aujourd’hui, grâce aux prêts que nous accorde la calebasse de solidarité, nous développons des activités génératrices de revenus pour améliorer notre quotidien et mieux entretenir nos enfants», dit-elle. Aïssatou Thiaw, une autre femme membre de la calebasse, abonde dans le même sens. Pour elle, la calebasse est un excellent outil d’appui aux ménages. « En dehors des achats des groupés, elle facilite, par le truchement des prêts qu’elle accorde à ses membres, aux familles, la prise en charge sanitaire, la scolarité et les besoins liés au suivi et à l’éducation des enfants. Tout comme elle développe en nous le sens de l’entraide et de la solidarité. Grâce à la calebasse, je suis parvenue à construire en dur une chambre et une cuisine bien équipées.
Aussi, à la question de savoir ce qui pourrait expliquer la présence d’une équipe d’Acces à cette rencontre, Mme Seck, chargée de projet, rétorque que c’est simplement par devoir d’accompagnement. « Nous, ce que nous faisons c’est un peu les accompagner parce que c’est un travail très important qu’on ne doit pas négliger puisqu’il s’agit de montants d’argent assez importants qui nécessite un accompagnement en termes de récapitulatif des commandes. Au moment du remboursement nous venons aussi pour faire la situation et assurer le suivi qui s’impose en la circonstance. Car au moment du remboursement, si nous nous trouvons devant une calebasse qui éprouve des difficultés à payer, nous serons dans l’obligation de repousser l’échéance de deux mois. C’est-à-dire jusqu’à la prochaine rencontre et sans contrainte aucune. Etant entendu que ladite calebasse en difficulté ne pourra faire d’autres commandes que quand elle aura remboursé sa dette. Nous sommes toujours dans l’élan de solidarité. En conséquence aucune pression ne sera exercée sur les membres ». Et de poursuivre pour préciser qu’il s’agit, ici à Boukhou, d’un réseau parmi les 19 autres encadrés par ACCES. Raison pour laquelle, nous pensons de plus en plus à la mise en place d’une coopérative d’achat. Ce d’autant qu’actuellement l’ensemble des réseaux totalise une épargne d’un peu plus de 10 millions de francs Cfa. Aussi nous pensons qu’avec cette épargne nous pourrons faire nos commandes directement au niveau des usines et des grandes entreprises pour avoir plus de bénéfices avec des prix beaucoup plus abordables.
Sidy Dieng