Les cds assurent l’approvisionnement et la transformation
Une calebasse au début, le marché aux poissons de Kaolack par l’entremise d’ASDES a installé quatre autres. Les membres de ces calebasses de solidarité assurent aujourd’hui la presque totalité de la chaine de production, la commercialisation et la transformation. Une chaine de valeur qui tourne à merveille grâce à l’autonomie des calebasses qui ont fini de montrer que l’économie solidaire est la clé du succès dans l’entreprenariat.
Elles sont cinq calebasses qui assurent la presque totalité de la chaine d’approvisionnement en poissons au marché central de Kaolack (centre du pays près de 200 km de Dakar), grâce à la vitalité et à l’autonomie financière de ces dernières. Niché au cœur de Kaolack et aux abords de la mer, le marché central grouille de monde. Dans l’enceinte du marché, se frayer un chemin devient un parcours du combattant. D’un côté, mareyeurs et vendeuses de poissons échangent sur la cherté des poissons. Assise devant son étal, Coumba Kaïré vend des sardinelles (yabooy). Entre Coumba et ses clientes c’est du marchandage à n’en plus finir. Vu la cherté du poisson, certaines d’entre elles préfèrent aller ailleurs. Ses inconditionnelles clientes, après d’intenses échanges sur le prix ont fini d’acheter six sardinelles à 1500 F cfa, contre 2000 F cfa proposé par Coumba. Pour se justifier, Coumba explique : «Le poisson est rare et les mareyeurs nous vendent le bac entre 20 000 et 25000 F cfa». Vendeuse de poissons depuis des années au marché poisson, Coumba se souvient de la traversée du désert des femmes. Celles-ci travaillaient pour le solde des mareyeurs. «Mais depuis l’avènement des calebasses, nous parvenons à acheter leurs produits et travailler tranquillement grâce aux financements des CDS », témoigne-t-elle.
Des financements de 50 000 F cfa pour se libérer de l’étau des mareyeurs
Elles sont nombreuses les femmes membres à exceller dans la chaine d’approvisionnement et de transformation grâce aux CDS. C’est le cas de Faly Niang. Avant l’avènement des Cds, j’étais dans la commercialisation mais ce sont les mareyeurs qui nous donnaient à crédit leurs marchandises. Une fois le produit écoulé, nous prenons notre bénéfice et remettons à notre bailleur son dû. « La situation était insoutenable du fait de la cherté des poissons. De fil en aiguille, nous accumulions des dettes. Aujourd’hui c’est un vieux souvenir parce que notre CDS nous finance à hauteur 50 000 F Cfa chacune pour effectuer nos activités», témoigne-t-elle.
Non loin, d’autres dames offrent des services. C’est le cas d’Awa Boury Diaw. Elle moud les poissons. Elle a été financée par sa calebasse à hauteur de 50 000 F cfa. « Avec ce financement, j’achète chaque matin un bac de sardinelles chez les mareyeurs. Ensuite je les trie puis les moud. Je vends le sachet entre 250 et 300 F cfa ». Selon Awa, l’activité n’est pas contraignante. En effet, la machine à moudre coûte 7000 F cfa et la caisse de sardinelle lui revient en ce mois de juin à 25 000 F cfa. « Je tire mon épingle du jeu parce qu’il m’arrive d’engranger plus de 35 000 F cfa », confie-t-elle. Et d’ajouter « il arrive parfois que certains ne trouvent pas de produits du fait de sa rareté. Je partage avec mes collègues mes produits, à la fin de la journée, elles me remboursent». Ces cas de figure foisonnent au marché central. Baba Diop, plus connu sous le nom de Pape, l’un des précurseurs de la cds au marché poisson confirme cette thèse. En en croire Pape, depuis que les calebasses ont été installées en 2014, les membres sont plus unis. Ils parlent le même langage et œuvrent ensemble pour une cohésion sociale. «Aujourd’hui je peux affirmer que la CDS est un facteur de développement. Depuis 1996, je suis dans ce marché mais je n’ai jamais vu une approche aussi souple et aussi efficace pour lutter contre la soudure et l’endettement. Cette approche a poussé d’autres femmes à vouloir intégrer les CDS. Mais on doit en parler avec les responsables de l’ASDES afin de voir quelles sont les dispositions à prendre ». Ambitieux, Baba l’est. En effet, son objectif est d’arriver à avoir un camion frigorifique pour que les CDS puissent s’approvisionner et ne plus vivre le dictat des mareyeurs. Une idée que partagent les vieilles dames transformatrices de poissons fumés qui éprouvent d’énormes difficultés pour s’approvisionner.
Chargé de programme à ASDES, Ndiaga SALL, souligne que les CDS sont une véritable alternative à l’endettement. En effet, les femmes éprouvaient d’énormes difficultés pour accéder aux ressources. A cet effet, « ASDES étant une organisation qui accompagne la population et exécute un programme de lutte contre la soudure et l’endettement, il était judicieux de les sensibiliser sur la calebasse de solidarité et son approche. Aujourd’hui au marché poissons, on se retrouve avec cinq calebasses», se réjouit Ndiaga Sall.
Sidy DIENG