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ETUDE SUR LA CONTRIBUTION DE L’APPROCHE CALEBASSE DE SOLIDARITE ALA PACIFICATION DES COMMUNAUTES LOCALES

Réalisée par Dr AMINATA NIANG
Socioéconomiste et anthropologue, experte genre
Des études ont montré que parmi les types de conflits notés au Sénégal, les querelles interpersonnelles
sont les plus récurrents (Ndiaye et Al 2017). A la différence des autres pays africains, le Sénégal, pays
laïque et démocratique, est marqué par des conflits mineurs entre groupes. Le conflit casamançais qui
a débuté dans les années 1980 est considéré comme un vieux conflit entre des factions « séparatistes
» et l’Etat central.
Cependant, il est noté ces dernières années une montée d’une violence multiforme (violences contre
les femmes, agressions physiques, verbales ou économiques, et plus récemment une violence
politique) provoquant des ondes de choc amplificatrices dans les ressentis individuels et collectifs. Ce
phénomène a des risques et conséquences sur les progrès économiques et technologiques enregistrés
ces dernières années, et fragilisent la résilience de la société pour faire face à d’autres crises
(pandémie, changement climatique, insécurité alimentaire, etc.).
Les conflits les plus importants sont les suivants : Conflits familiaux et conjugaux, Conflits fonciers,
Conflits entre agriculteurs et éleveurs, Conflits entre jeunes en milieu sportif et les Conflits internes aux
CDS
Ce phénomène a des risques et conséquences sur les progrès économiques et technologiques
enregistrés ces dernières années, et fragilisent la résilience de la société pour faire face à d’autres
crises (pandémie, changement climatique, insécurité alimentaire, etc.).
Quelle est l’implication et le rôle des femmes dans les conflits ? Elles sont le plus souvent des victimes,
mais aussi des actrices clés dans la résolution des conflits. Ayant écho de l’effet de pacification des «
Calebasses de solidarité » (CDS) dans les zones d’intervention (sans conflits ouverts et violents),
l’organisation Suisse, Action de Carême (ADC) a voulu mesurer de manière scientifique la contribution
des CDS dans le maintien de la paix sociale au sein des communautés. Ainsi, il a été jugé important de
documenter la contribution de l’approche calebasse de solidarité dans la pacification des communautés
locales dans quatre (04) zones agroécologiques sur pays (zone Sud (Sédhiou et Ziguinchor), zone Nord
(Podor et Pété), et zone Ouest (Thiès) et zone Centre (Kaffrine).
Centre Ouest : ADK, ACCES et RECODEF
Centre Est UCEM, AGRECOL
Nord : BAMTAARE et UJAK
Zone SUD : ALSE et KOUSSEK
L’objectif principal de l’étude consistait à décrire l’effet des Calebasses de solidarité sur les conflits des
communautés.
De façon spécifique, il s’agit de :
– Identifier les caractéristiques des conflits au niveau des villages ou de la zone ciblée en considérant
les conflits de petite dimension (famille) à grande dimension (groupes ethniques, religieuses, autres) ;
– Identifier les stratégies utilisées par les populations locales pour essayer de régler ces conflits sans la
Calebasse de Solidarité ;
– Ressortir la contribution de la calebasse de solidarité dans la pacification des communautés locales
avec des preuves issues des témoignages, de récits de vie et autres outils et instruments ;
– Si possible, mesurer d’une façon quantitative l’effet des calebasses ;

– Documenter environ 5 exemples en détail dans des contextes différents pour des conflits avec des
différentes caractéristiques (dimension, nature, etc.). Décrire le rôle de la Calebasse dans la résolution
de ce conflit ;
– Ressortir à travers des focus groupes, l’effet de la pacification des Calebasses de Solidarité pour les
communautés (en général et ne pas se concentrer sur les conflits individuels) ;
– Etablir aussi une idée de l’effet sur la non-émergence de nouveaux conflits (ou bien leur gestion).
Il est attendu de cette étude les résultats suivants :
• La bonne caractérisation de la manifestation des conflits dans la zone cible ;
• Une bonne identification et une bonne documentation des causes et des conséquences des conflits ;
• La dynamique organisationnelle des populations pour régler les conflits ou les atténuer est bien
ressortie ;
• La contribution de la calebasse de solidarité dans le processus de pacification est bien ressortie avec
des preuves à l’appui.
L’étude évaluative aurait permis d’évaluer :
– La caractérisation, les manifestations des conflits et les acteurs impliqués ;
– Les causes et les conséquences des conflits identifiés ;
– La dynamique sociale et organisationnelle des populations pour régler les conflits et tensions ;
– La contribution de la calebasse de solidarité dans le processus de pacification.
Selon l’étude, dans toutes les localités visitées, les différents groupes ethniques, groupes socio-
professionnels et les groupes d’âges et de sexe (H/F) entretiennent des rapports sociaux de bon
voisinage, basés sur les valeurs culturelles d’entraide et de solidarité (« jappalanté ou « dimbalanté »)
cimentées par les liens de sang et les liens de parenté sociale.
Cependant, en dépit de ces bonnes relations, des tensions et conflits émaillent souvent l’entente
sociale. En effet, comme dans toute société humaine, il existe des contradictions internes, sources de
tensions et de conflits qui peuvent exploser à tout moment.
Les principaux acteurs impliqués sont les membres d’une même famille, les membres de différentes
familles, les membres de différentes communautés (villages voisins), les catégories socio-
professionnelles (agriculteurs, éleveurs, pêcheurs…), les acteurs communautaires, la collectivité
territoriale et l’Etat. En réalité, les conflits trouvent leurs points d’encrages dans les familles et les
communautés. Ensuite, ils s’amplifient dans la société et affectent les relations intercommunautaires.
La contribution de la calebasse de solidarité dans le processus de pacification
Plusieurs démarches sont développées par les membres des CDS pour garantir la paix au sein de leurs
communautés, lutter contre les conflits manifestes et prévenir leur récurrence. Le fondement de leurs
démarches, est la discrétion (« suttura ») à l’image du tissu blanc (symbole de paix) qui recouvre la
calebasse (« Lékket ») et de leur mode de fonctionnement. Elles se basent également sur la médiation
et la communication et sur la dynamique sociale et organisationnelle de la localité, en coopérant avec
les leaders communautaires influents (hommes et femmes) et autorités coutumières et religieuses
(regroupés en comité de sages) pour régler les conflits.
Les femmes des CDS sont sur la ligne de front, prêtes à intervenir dans le maintien de la paix. Elles
sont assimilées à des « djéegu pusso » (des aiguilles qui servent à coudre et à raffermir le tissu social
quand celui-ci commence à désintégrer) ; en d’autres termes, elles peuvent être considérées comme
des pacificatrices sociales.
En définitive, l’implication des calebasses dans la pacification a été unanimement reconnue par tous les
acteurs. C’est dans ce sens que les calebasses constituent un puissant levier à renforcer, à préserver et
à activer en temps de crises.
L’entrée par zone agroécologique, puis par organisation partenaire (OP) a été l’approche choisie de
concert avec Agribio Services. Ainsi 9 réseaux fédéraux ont été choisis en fonction de leur
représentation dans l’écosystème de l’économie solidaire et des CDS dans le pays. Ces réseaux
(subdivisés en réseaux de proximité) sont répartis dans 5 régions : Thiès, Kaffrine, St. Louis, Sédhiou et

Ziguinchor. Dans chaque région, une à trois communes ont été choisies proportionnellement à la
population des CDS.
Au total, 32 CDS ont participé aux focus groupes et 163 personnes intérrogées
Dans chacune des zones agroécologiques où l’étude a été effectuée, le croisement de variables
pertinentes tels que le sexe, l’âge, le pouvoir économique, le rôle social a été réalisé pour ressortir le
poids de la contribution des acteurs dans la pacification des conflits communautaires.
Les différents groupes (hommes, femmes, jeunes des différentes ethnies, agriculteurs, éleveurs,
pêcheurs, commerçants, membres de différentes castes, …) entretiennent des relations fondées sur les
principes d’entente (« deggo »), de cordialité, de discrétion (« suttura ») et de paix (« jamm »). Tous ces
éléments de sociabilité contribuent au fonctionnement de la solidarité collective, de la stabilité sociale
entre les différents groupes et de maintien des relations sociales, condition sine qua non de la vie
commune en société.
Au terme de l’étude, des recommandations autour de quatre (04) axes d’intervention ont été définies
pour améliorer la contribution des CDS dans la pacification communautaire. Il s’agit : le renforcement de
capacités ; la structuration ; la sensibilisation, le plaidoyer et la communication et la coopération.
En conclusion, les femmes des CDS sont sur la ligne de front, prêtes à intervenir dans le maintien de la
paix. Elles sont assimilées à des « djéegu pusso »1 ; en d’autres termes, elles peuvent être considérées
comme des pacificatrices sociales.
En définitive, l’implication des calebasses dans la pacification a été unanimement reconnue par tous les
acteurs. C’est dans ce sens que les calebasses constituent un puissant levier à renforcer, à préserver et
à activer en temps de crises.

Ababacar GUEYE

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