Les enfants de Guèdiane bien portants grâce aux recettes nutritionnelles d’Agrecol/Afrique
Vendredi mi-juin à Guèdiane à quelques encablures de la commune de Sessène dans le département de Mbour, l’équipe d’Agrecol/Afrique est à pied d’œuvre pour démarrer l’éducation nutritionnelle.
A Guèdiane, les mères de famille ont répondu présent. Elles ont amené leurs enfants âgés de zéro à cinq ans pour les besoins de la pesée et de la sensibilisation. Les femmes se sont données rendez-vous sous l’arbre à palabre, le lieu de rencontre. Elles ont par devers elles les carnets de santé dans lequel, l’équipe d’animation les identifie avant de les répertorier sur leur fiche de suivi qui indique l’âge et le poids de l’enfant. Aïcha Ba Turpin et son équipe composée de quatre personnes sont à leur seconde séance d’animation dans la localité.
A Sessène dans la zone d’intervention de l’ONG Agreocl/Afrique, l’animatrice nutritionnelle Aïcha a sillonné beaucoup de villages pour y effectuer des séances de sensibilisation. « Sessène est une zone agricole, malgré tout elle est vulnérable. Le phénomène de la soudure est une réalité. Il est précoce dans la zone. Par conséquent, il faut apprendre aux parents quelques rudiments pour qu’ils puissent parer à la malnutrition de leurs progénitures », a expliqué Mme Turpin avant d’entamer la séance d’animation.
Auparavant, Mme Khady Faye, le relais nutrition à Guédiane, par ailleurs présidente de la Calebasse de solidarité Ndagdadem a abattu un travail remarquable. En effet, elle qui a été formée par Aïcha sur la nutrition, a préparé le terrain en menant des activités de sensibilisation dans les différents quartiers. « Ce travail a été facilité grâce aux formations que j’ai eu à subir. Outre la formation sur l’art culinaire, j’ai été formée en transformation des produits locaux mil, maïs, farine enrichie, entre autres. Je fais aujourd’hui la démultiplication au niveau des réseaux », souligne-t-elle devant la chargée de programme de l’OngAgrecol/Afrique zone Sessène.
73 enfants sur 92 ont une alimentation équilibrée
Sous un arbre, les enfants s’installent tranquillement. Aïcha et son équipe commencent la pesée. Devant la réticence ou la peur de certains enfants, Aïcha, taille moyenne, teint clair, assistée par Mme Khady Faye, trouve le juste mot pour convaincre les gamins à monter sur la balance. Dans cette ambiance bon enfant et la peur de certains, l’animatrice « mère poule » qu’elle est, arrive à ses fins sans grandes difficultés. « Ce sont mes enfants, il faut toujours les mettre à l’aise, en confiance afin qu’ils puissent vous accepter d’abord avant de faire ce que vous attendez d’eux. Aujourd’hui j’ai pesé 95 personnes dont 92 enfants et trois femmes enceintes. Sur les 92 enfants, les 73 ont une alimentation équilibrée, 13 enfants doivent améliorer leur alimentation. Par contre, six enfants nécessitent un encadrement sérieux. Ceux sont des enfants dont leur alimentation est pauvre en vitamines », analyse l’animatrice nutritionnelle au terme de la pesée.
Pour ces cas de figure, Aïcha recommande aux mamans non seulement de donner aux enfants de la farine améliorée, mais également de se rapprocher des postes de santé pour une consultation. « Notre vocation n’est pas de consulter les enfants. Notre mission est de montrer aux parents qu’avec les produits locaux, elles peuvent préparer de la farine améliorée riche pour l’enfant. D’où le sens des causeries que nous faisons à chaque séance », souligne l’animatrice.
Une fois ce travail de pesée terminée, elle montre aux femmes un couvercle rempli de mil, maïs, niébé et arachide. Elle leur explique les vitamines que contient chaque produit. Pour captiver leur attention, Aïcha très détendue montre à travers des illustrations les aliments dont ont besoin un enfant et sa mère pour avoir une bonne alimentation.
Les pratiques culinaires promeuvent le consommer local
Aïcha n’est pas à sa première séance d’animation à Nguédiane. Lors des séances précédentes, elle a fait le diagnostic de la situation nutritionnelle de la localité. Ce travail lui a permis de développer des stratégies parmi lesquelles la préparation des menus locaux très riche en vitamines. «Cette fois-ci, nous allons préparer le ‘’Dakhine’’(Ndlr : un plat traditionnel sénégalais fait à base de viande, ou du poisson séché, de pâte d’arachide et de riz). Je leur propose aussi un jus à base de Moringa et du pain de singe. Nous voulons montrer aux femmes qu’avec les produits locaux elles peuvent préparer des menus riches pour les enfants et pour la famille », dit-elle.
Selon la chargée de programme soudure endettement de l’Ong Agrecol, à Sessène (lire entretien), cette stratégie est salutaire parce que Sessène est une zone agricole par excellence, paradoxalement la soudure y est précoce. « Par conséquent, on peut trouver des cas d’anémie dans la zone. Heureusement que nos activités de sensibilisation ont contribué à l’amélioration nutritionnelle, à la vitalité des enfants », souligne Mme Ndèye Yacine Cissé.
Les femmes ont fortement apprécié cette démarche. En effet, dans leurs interventions, elles soutiennent utiliser le même menu pour l’enfant. Pire encore, elles ne donnaient pas certains produits comme l’œuf aux enfants pour des raisons liées à la tradition.
Dans ses réponses, Aïcha est largement revenue sur l’importance des produits sur la croissance des enfants. Elle a suggéré à l’assistance de donner aux enfants la farine enrichie mais aussi de diversifier les menus. Il y va de leur croissance et de leur hygiène de vie.
Ababacar GUEYE