Le bouillon naturel, l’assaisonnement qui a conquis le cœur des ménages
A Bandia Sessène, le bouillon naturel de la calebasse de solidarité Ndender a conquis le cœur de tout le village et ailleurs. La calebasse décline même certaines commandes fautes de moyens pour en produire une grande quantité. Aujourd’hui que leur produit est bien prisé par les populations, la calebasse veut se lancer dans la labellisation, dans l’étiquetage pour que leur produit soit plus attractif.
Mardi mi-juin au village de Bandia Sessène dans la commune de Sindia, une dizaine de femmes sous un arbre à palabres s’apprête à fabriquer le bouillon naturel. Sous la conduite de la présidente de la Calebasse de solidarité installée par l’organisation partenaire d’AdC Suisse au Sénégal, ACCES, Mme Seynabou Seck a, au préalable, soigneusement préparé les ustensiles : fourneau à gaz, marmite, sans compter les différents ingrédients qu’elle doit utiliser pour préparer le bouillon. Pendant ce temps, le groupe s’agrandit de plus en plus. « Lorsqu’il s’agit de la rencontre pour la fabrication du bouillon naturel, toutes les femmes de la CDS interrompent leurs activités pour venir assister à cette séance. Même les vieilles dames qui sont les précurseurs des CDS dans la localité y prennent part», confie la présidente Seynabou.
La sensibilisation sur l’utilisation abusive des bouillons industriels, le déclic
Une fois que les membres de sa calebasse réunie et les salutations d’usage terminées, Seynabou se lance dans la préparation, elle montre à toute l’assistance les produits qui vont constituer le bouillon. Elle a déjà moulu du maïs jaune, des clous de girofle, du sel, du laurier, un peu de piment, un four, entre autres.
L’assistance acquise à sa cause, suit avec beaucoup d’attention la préparation. Comme une sorte de formation recyclage, certaines femmes n’hésitent pas à venir prêter main forte. Elles se donnent à cœur joie dans la préparation « Les membres des calebasses de Ndender viennent chaque mois pour participer à la fabrication. Elles maitrisent le processus de fabrication », se réjouit Seynabou la formatrice du jour et chargée des ventes au sein de la CDS.
Une fois les produits mélangés avec des explications précises sur la quantité de chaque produit à utiliser, Seynabou se lance maintenant à la cuisson à vapeur. En attendant que son mélange soit cuit, la présidente chargée des ventes revient sur les raisons qui ont amené les membres de la CDS de Ndender à se lancer dans le bouillon naturel local. En effet, selon elle, le village consommait trop de bouillons dans la préparation des repas. Les femmes ne se préoccupaient guère du trop de bouillons utilisés. Elles agrémentent leurs repas à tout prix quelque soit les dangers qui les guettent, ni la santé de leurs familles, alors que les médecins ne cessent de tirer la sonnette d’alarme sur l’utilisation abusive des bouillons. Revenant sur leur changement de comportement, Seynabou explique : « Lors des rencontres avec nos partenaires, les responsables ne cessaient de nous sensibiliser sur une alimentation saine, sur l’utilisation de nos produits locaux pour substituer les bouillons industriels. C’est de là que le déclic est né ».
Le séchage de l’oignon, la principale contrainte
Pour abandonner une approche, il faut mettre la main sur quelque chose. C’est ainsi que la calebasse de Ndender a formulé sa demande de formation en fabrique de bouillon à son organisation partenaire ACCES. Celle-ci a mis à sa disposition des animatrices pour former les membres sur les techniques de fabrication du bouillon naturel. « Aujourd’hui, c’est notre gagne-pain dans cette localité. Mieux, la population s’est appropriée de ce bouillon qui a fini de faire le tour du village », a confié Seynabou Seck sous le regard attentif de la présidente de la CDS Marème Seck qui soutient que les membres de cette CDS sont allés plus loin. Les femmes ont décidé de ne plus utiliser les bouillons industriels dans leur ménage.
Avec cette stratégie appelée consommer local, le bouillon de Ndender est prisé, il dépasse les frontières du village de Bandia Sérère. Les demandes proviennent des villages environnants, de Sindia, de Dakar et autres. « Le bouillon est tellement prisé que nous avons du mal à satisfaire la demande parce que la fabrication en grande quantité pose problème. La principale contrainte est le séchage de certains ingrédients comme l’oignon qui prend trop de temps.C’est la raison pour laquelle nous ne pouvons fabriquer le bouillon qu’une fois dans le mois’’, se désole-t-elle.
Labelliser et étiqueter le bouillon pour le rendre plus attractif
La secrétaire générale abonde dans le même sens. En effet, selon Aïda LOUM, le produit est apprécié et constitue l’une des ressources de la calebasse. « Notre objectif est d’arriver à approvisionner en quantité suffisante nos clients. Seulement après la préparation, nous donnons à chaque membre une quantité pour sa consommation. L’autre partie est réservée à la vente », lance Aïda. Selon la SG, le bouillon « made in Bandia Sessène » a conquis le village et ses alentours. Cela est dû aux différents acteurs qui les ont accompagné dans le processus de fabrication jusqu’à ce qu’elles puissent voler de leurs propres ailes. « Nous sommes très reconnaissantes à notre partenaire ACCES qui nous a montré la voie de l’économie solidaire», se réjouit Aïda LOUM.
Dans le même ordre d’idées, la SG se félicite de la relation de partenariat qui les lie au personnel sanitaire qui les appuie dans leur travail.
Par contre, même si la calebasse arrive à imposer la consommation du bouillon dans les ménages, force est de constater que des contraintes ne manquant pas. « Nous avons un problème de dosage. Quand nous cuisinons nous mettons le bouillon à volonté. Nous aurions bien aimé qu’on nous accompagne à moderniser le produit en les mettant sous formes de cubes », soutient Aïda LOUM. Dans le même sillage, la SG entreprenante lance un appel aux bonnes volontés à les accompagner dans la labellisation et l’étiquetage afin que leur soit plus attractif.
Ababacar GUEYE