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RENCONTRE DES PARTENAIRES D’ADC

Les partenaires d’AdC- Sénégal sensibilisés sur ces concepts

La première rencontre des organisations partenaires d’Action de Carême Suisse de cette année a été tenue en mi-mars à Thiès. Une rencontre au cours de laquelle des questions liées au droit de l’homme et aux abus de pouvoir ont été développées. Une vingtaine de personnes dont les responsables du RENOLSE et du RENCAS a pris part à cette rencontre animée par Mme Amy Sakho, juriste consultante, spécialiste en droits humains et genre, par ailleurs membre de l’Association des Juristes du Sénégal (AJS).

Les responsables des Organisation partenaires d’ADC en pleine séance

Organisée par la coordination nationale, cette rencontre a pour objectif de répondre aux attentes de ses partenaires. Selon le coordonnateur national, les questions d’abus de pouvoir sont observées dans le monde, voire même dans les contrées les plus reculées. «Etant un phénomène national voire mondial, nous avons organisé ce premier atelier de sensibilisation pour nos partenaires afin de susciter le réveil sur les concepts de droits humains, de chartes et lois qui gravitent autour en termes d’accords, de  voies de recours et de traités ratifiés par le Sénégal. L’objectif est d’arriver à la fin de l’atelier à mieux comprendre ces concepts qui sont très souvent galvaudés dans notre quotidien», a souligné M. Djibril à l’ouverture.

Pour sa part, la juriste a attiré l’attention des participants sur le format de la rencontre qui sera interactif avant de décliner ces aspects : l’abus de pouvoir, les  droits humains et le code légal de protection des femmes qui vont constituer la quintessence de son exposé.

D’emblée Mme Sakho soutient que les femmes sont les premières victimes des abus de pouvoir. La juriste le définit comme «une contrainte morale exercée sur quelqu’un par une personne qui se sert de son autorité de fait ou de droit, pour l’obliger à accomplir un acte contraire à ses intérêts. Et les femmes sont les plus vulnérables». Ces abus proviennent habituellement de toutes les classes de la société et de tous les milieux. L’abus de pouvoir peut se traduire par des actes d’intimidation, de harcèlement, de menace, de corruption. C’est un acte commis contre le gré d’une personne et cela n’est pas sans conséquences. Il est rare de rester un jour sans qu’on entende dans la presse des cas de viols, d’inceste, d’infanticide, entre autres liés aux abus de pouvoir.

Malgré la complexité du phénomène, la juriste a proposé des activités de formation, d’information et de sensibilisation sur les normes de conduite à tenir dans la société. «On peut insérer dans les manuels des politiques et procédures des entreprises des politiques anti-abus et des recours possibles. Il faut aussi un appui psychologique de la victime  pour enlever ce sentiment de culpabilité », a suggéré Mme Sakho.

 

 

 

Echanges entre la consultante Mme Amy SAKHO et les participants

Dans une ambiance bon-enfant, Mme Sakho est largement revenue sur le droit humain et les concepts qui gravitent autour. Elle a souligné que les droits de l’homme ont existé depuis très longtemps mais, ils sont devenus de nos jours un sujet important et complexe qui mobilise l’opinion internationale. L’Etat du Sénégal n’est pas en reste. Il a voulu offrir un cadre de protection en ratifiant des textes internationaux et africains qui consacrent les droits des  femmes et des enfants mais aussi à travers sa législation interne. Mme Sakho les définit comme étant  «droits inaliénables de tous les êtres humains, quels que soient leur nationalité, lieu de résidence, sexe, origine ethnique ou nationale, couleur, religion, langue ou toutes autres conditions. Ces droits sont intimement liés, interdépendants et indivisibles». Elle les caractérise en quatre points : l’inhérence à l’être humain, l’universalité, l’inaliénabilité et l’individualité. Dans ce sillage, elle a indiqué que les droits de l’Homme n’excluent guère les femmes. Celles-ci occupent une place de choix dans les politiques. Mais c’est dans les années 70, qu’on a assisté à leur émancipation. D’ailleurs le secrétariat à la condition féminine a été créé en 1978 au Sénégal. Mieux le pays a signé et ratifié plusieurs Conventions et Traités au niveau international et régional. La Constitution aussi donne des droits pour une égalité entre l’homme et la femme. La femme Sénégalaise bénéficie de pratiquement tous les droits.

Les droits de solidarité, une thématique en droite ligne avec le Programme Pays

La juriste a cité les chartes, protocoles, les lois et règlements (nationalité, foncier, accès aux instances de décision), droit de travail, etc. Toutefois, Mme Sakho a décliné les différentes catégories de droits de l’homme. La première génération est celle des droits de l’homme civils et politiques. La seconde génération évoque des droits économiques et sociaux et la dernière traite des droits de solidarité. Cette dernière entre en droite ligne de la thématique de travail du Programme Pays d’Action de Carême. A cet effet, les participants ont apprécié à leur juste valeur les thèmes développés par la juriste.

Cependant, note-t-elle, malgré la volonté affichée de l’Etat sur les questions de droits de l’Homme, les obstacles liées à l’application des textes notamment les discriminations « légales » (code de  la famille et code pénal avec son article 305 et 305 bis) restent à être effectives. Ce dernier sanctionne sévèrement l’avortement. D’autres obstacles liées à l’accès des femmes à la propriété foncière, la sous-représentation des femmes dans la politique, à l’accès à la justice des femmes, soit à cause des pesanteurs socio culturels, soit par ignorance de leurs droits ont été aussi notées.

Toutefois, elle préconise une meilleure vulgarisation des textes internationaux et nationaux et une meilleure implication des organisations des droits de l’homme et des organisations communautaires de bases dans la sensibilisation. « Un monde meilleur est possible avec l’application correcte de droits de l’homme et une maitrise de la notion de genre », dit-elle.

Ababacar GUEYE

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