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Interview de Mme Dia Fatoumata. BAMTAARE « Accompagner la calebasse dans l’alphabétisation pour pouvoir écrire dans la langue locale ».

BAMTAARE

Fatoumata Amadou DIA SG CDS de Dièri Diouga à Halware2, commune de Dodel, Département de Podor

« Accompagner la calebasse dans l’alphabétisation pour pouvoir écrire dans la langue locale ».

La Calebasse de solidarité (CDS) a fait de moi ce que je suis devenue aujourd’hui. Je suis une responsable dans la commune. Avant la mise en place de cette calebasse, j’avais de la peine à m’exprimer devant un public.  Mais, depuis que je l’ai intégrée, elle m’a façonné et m’a permis de prendre part à des rencontres, d’organiser des séances de sensibilisation sur l’approche CDS. Elle m’a permis également de participer activement au développement de mon village, de ma commune et de mon département. La CDS a contribué à l’épanouissement des familles. Avec tout ce qu’elle a apporté dans la famille, je peux dire que la CDS a de l’avenir. Elle ira loin. La CDS joue un rôle important dans le village. En effet, c’est grâce à elle que les gens connaissent mon terroir, mon village. Tout comme, grâce à son efficacité, le maire m’a intégrée dans ses activités et les membres sont souvent conviés dans les rencontres. La CDS m’a ouvert beaucoup d’opportunités. Récemment, j’ai été conviée à une rencontre à Thiès. Un partenaire de Radio Rurale Internationale qui devait choisi un groupe d’écoute a ciblé les membres de la CDS et j’en faisais partie. J’ai même participé à Thiès à une formation sur le leadership féminin. Tout cela c’est grâce à la calebasse. Notre CDS, Dièry Diouga, a été créée le 16 décembre 2016 à Halware2. Avant, on nous parlait de la CDS, de son apport au sein de la famille mais depuis que nous l’avons intégrée, nous avons été surprises de son importance et de son efficacité dans la localité surtout pour les femmes. La calebasse compte 70 membres dont 64 femmes et six hommes. Le bureau composé d’une présidente, d’une vice-présidente, d’une secrétaire générale et son adjointe et d’une trésorière et son adjointe. J’assure le poste de secrétaire générale et de gestionnaire. Le jour de la rencontre pour les AVA, la présidente dresse des nattes et met au milieu une calebasse couverte d’un pagne blanc. Chaque membre vient faire sa contribution. Une feuille de présence est établie pour enregistrer tous les participants et participantes. Une fois les AVA faites, la présidente communique le montant collecté que j’enregistre dans mon carnet avant de le remettre à la trésorière.

Achat d’aliment de bétail pour parer à sa pénurie

Outre ses activités de crédits solidaires, la calebasse accompagne aussi ses membres en crédit de santé, de nourriture et d’éducation. De même, S’il y a des membres qui veulent exercer des activités génératrices de revenus et qui malheureusement ne disposent de fonds, la calebasse les finance jusqu’à 50 000 F cfa remboursables au bout de trois mois. La CDS a acheté du riz d’une une valeur de trois cent mille francs qu’elle garde en prévision des périodes de soudure pour ensuite le distribuer à ses membres. La même opération est aussi faite pour le bétail, nous achetons de l’aliment de bétail que nous distribuons à nos membres à une certaine période de l’année. La calebasse fait aussi des achats groupés. L’engagement des participants permet à la calebasse d’honorer ou de régler toutes les expressions de besoins de ses membres.

Un équipement communautaire, grâce à la calebasse.

La calebasse est entreprenante. Par exemple, lors des cérémonies, nous éprouvions de la peine pour trouver des tentes dans la localité. On se rendait à une quinzaine de kilomètres pour en louer. Après concertation, la calebasse a décidé d’acquérir une tente. Un des fils du village établi à Mbour nous a accompagné à faire une commande qui nous a coûté 400.000 F CFA. Ce matériel est mis en location à raison de 5000 francs CFA le jour à chaque fois qu’il y a des manifestations organisées dans le village ou ailleurs dans la commune. Si le locataire est membre de la Cds, il contribue à hauteur de 2500 F CFA. Pour ceux qui sont hors de la ville, nous leur louons la bâche à 7.500 F CFA. Il y a un comité de gestion qui se charge de cette tâche. Il se réunit tous les mois pour nous faire le point. Ces stratégies permettent à la calebasse de pouvoir tirer des revenus. Mieux, la CDS dispose aussi de nattes, de bassines et autres ustensiles qu’elle met à la disposition de ses membres et non membres moyennant une contribution. Nous avons aussi confectionné des Tee shirt sous l’effigie de notre Cds pour sa promotion. Nous ne nous arrêtons pas en si bon chemin.

Le RENCAS accompagne la calebasse dans l’alphabétisation

Après l’installation de la CDS, nous avons créé un réseau de proximité inter-villageois et des hameaux. Ensuite nous avons mis en place un réseau communal puis un réseau départemental où j’ai été élue présidente. Ce que j’attends du réseau national est qu’il nous accompagne en formation et en renforcement de capacités dans les domaines de transformation des produits locaux notamment des céréales mais aussi dans la production de la farine améliorée pour les enfants et femmes allaitantes.  Je lance un appel au RENCAS pour qu’il accompagne le réseau départemental principalement les membres des CDS dans l’alphabétisation afin qu’ils puissent même écrire dans leur langue locale. Quand on évalue la Cds depuis son installation jusqu’à nos jours, je peux dire qu’avant sa mise en place, nous dormions. Car elle nous a trouvé dans des situations difficiles. Les femmes prenaient des crédits auprès des institutions financières décentralisées avec des taux d’intérêt assez élevés. Parfois même, elles étaient victimes des lois des usuriers ou même de saisies. Maintenant toutes ces difficultés sont dernière nous, parce que la calebasse octroie des prêts sans intérêt. Avec ce système, la calebasse a donné à la femme du courage et de l’engagement et lui a permis de retrouver sa dignité. L’apparition de la COVID-19 n’a pas entaché nos activités. Les responsables de la Cds notamment la présidente, la SG et la trésorière se réunissaient régulièrement dans le respect strict des gestes barrières. Les membres viennent faire leur AVA et repartent pour éviter les rassemblements. Le même comportement est exigé lors de la distribution des produits provenant des achats groupés.

Ce reportage a été réalisé grâce au financement d’Action de Carême Suisse à travers le projet FOCOMO (Formation Communication Monitoring)

Photo : légende

Photo : Aboubacry Sall, coordinateur Bamtaaré suit les explications de Mme DIA

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