Des gestes de solidarité de haute portée pour les membres des calebasses de solidarité
Pour faire face à la COVID-19, la calebasse du village de Sob Ngojlem, à quelques encablures de Fissel, la présidente de ladite calebasse a pris sur elle d’engager les ressources de la calebasse, un peu plus de deux millions de francs Cfa, dans l’accompagnement des populations de son village. Fin juillet, elle revenait sur l’apport considérable des calebasses face à cette pandémie.
« Si nous avons pu traverser sereinement les trois mois de confinement et d’état d’urgence en cette période de soudure, c’est grâce aux calebasses de solidarité ». Mme Khady Sène, responsable de la calebasse de Fissel dans le département de Mbour revenait ainsi fin juillet, sur l’apport considérable des dites calebasses en milieu rural en ces temps de pandémie liée à la covid-19 et de raréfaction des denrées alimentaires. Des moments assez difficiles pendant lesquels les populations rurales sont obligées de vendre leur bétail si elles en ont ou alors d’aller faire des emprunts au niveau des usuriers hypothéquant ainsi leurs prochaines récoltes. Mère Khady, comme l’appelle affectueusement ses amies, est animatrice au RECODEF (Regroupement Communautaire pour le Développement des Familles) dans commune de Fissel.
A en croire Mme Diouf Khady Sène, la calebasse du village de Sob Ngojlem n’a pas attendu pour accompagner les populations. « Dès l’annonce des dispositions restrictives pour barrer la route au virus, ladite calebasse a pris sur elle d’engager de ses ressources, un peu plus de deux millions de francs Cfa, dans l’accompagnement des populations du village. C’est ainsi qu’elle a doté de deux sacs de riz, deux sacs d’oignons et autant de sacs de pommes de terre et d’un bidon de 20 litres d’huile à chacun des 20 ménages que compte la localité. En plus de cette dotation en denrées alimentaires, chacun des ménages a reçu un paquet de savon. L’exemple à fait tâche d’huile et a été suivi par toutes les calebasses de la zone qui ont la capacité de se procurer du riz le village Ndag Ndam, à quelques encablures de Fissel a été le premier à imiter cette approche. ».
Les autres calebasses qui n’ont pas encore atteint cette capacité ont, elles aussi, accompagné leurs membres selon leurs disponibilités et les réserves en mil comme c’est le cas de notre calebasse ici à Ndiakhassem. C’est ainsi que nombre village de la Commune de Fissel encadrés par le Recodef ont eu à distribuer du mil avec des poids allant même jusqu’à 70 kilogrammes par famille. Une opération rendue possible grâce à l’existence des greniers communautaires mis en place par les calebasses. Selon Awa Diouf du village de Langomack et trésorière de la calebasse de Ndiakhassème, c’est avec la pandémie que les populations ont pu savoir toute l’importance de la calebasse. « Durant cette période la calebasse a été sollicitée comme elle ne l’a jamais été. Sans compter les crédits en savons et en produits détergents octroyés aux populations pour les aider à respecter les mesures de propreté qu’exige la maladie ». Pour simplement dire, poursuit-elle, que si les populations ont pu traverser les trois mois de confinement liés à la pandémie de la covid-19 mais aussi de soudure sans s’endetter outre mesure c’est principalement grâce à la calebasse de solidarité.
Les greniers communautaires, une épargne solidaire
Les greniers communautaires sont une initiative du Recodef mise en place dans la zone de Fissel pour lutter contre la soudure et l’endettement. Ils consistent à des réserves en denrées alimentaires principalement du mil collecté et stocké après la récolte. Selon Khady SENE, ces stocks sont constitués de contributions individuelles et volontaires des membres de la calebasse de solidarité. En effet, après récolte, chaque membre, selon ses possibilités, vient offrir une certaine quantité de mil au grenier. Toute la quantité recueillie est bien conservée et ne peut être enlevée que pendant la période de soudure. C’est-à-dire au début de l’hivernage alors que tous sont occupés aux travaux champêtres et que les vivres commencent à se raréfier. Les enlèvements se font sur demande. Chaque foyer qui le désire vient formuler sa demande en précisant la quantité dont il a besoin. Après étude du cas par les responsables du grenier, la quantité demandée est octroyée mais sous forme de prêt qui devra être remboursé après les prochaines récoltes mais sans intérêt aucun. C’est le poids enlevé qui sera remboursé. Etant entendu qu’ils peuvent payer et faire en même temps d’autres dons. C’est ce qui permet au grenier d’augmenter ses stocks et de pouvoir répondre de façon plus efficiente à la demande.
Au finish ladite stratégie s’est avérée des plus payantes puisqu’ayant permis aux populations des villages où elle est appliquée de traverser sans dommage les trois mois de confinement lié à la pandémie de la Covid-19. Une période de confinement dont la première conséquence a été l’installation précoce de la soudure.
Sidy Dieng