Une dizaine de femmes transformations de produits locaux ont rivalisé d’ingéniosité, mardi, mi-décembre au restaurant Tikaara en présentant au public des produits transformés innovants mais méconnus des populations. A travers un Takoussan (après-midi) de dégustation, différents produits aussi innovants les uns que les autres ont été exposés et dégustés par les invités.
Divers produits locaux transformés exposés
Dès les premières heures de l’après-midi du mardi mi-décembre, les différentes microentreprises commencent à exposer leurs produits sur les tables qui étaient prédisposées pour elles. Toute sorte de produits : noix de cajou, jus à base de moringa, gâteau à base de maïs, Ngourbane précuit emballés dans des sachets, des chips à base de carotte, l’oignon séchée pour ne citer que ceux-là constituent le décor. Les premiers invités, passent et repassent pour apprécier ces merveilles méconnues des populations. ‘’Je ne pensais pas qu’on pouvait faire des chips à base de carotte’’, confie Mlle Seynabou Sall, surprise de cette innovation de Mme Guèye, patronne de l’entreprise Sen saveurs de Pout basée à Pout dans la région de Thiès. Cette dame n’est pas la seule à apprécier l’esprit de créativité des femmes. Tous les invités qui ont visité les tables des exposants sortent surpris de la créativité de cette dizaine d’entreprises accompagnées par les ONG IPSIA et AgriBio Services. En effet, depuis cette année 2021, ces deux ONG exécutent le projet de « Renforcement des GIE de transformation pour l’autosuffisance alimentaire au Sénégal ». Ce projet d’un an est cofinancé par la Région Friuli Venezia Giulia (Italie) a pour objectif de contribuer à la réduction de la dépendance du Sénégal à l’importation des produits alimentaires. Il part du constat que le segment spécifique de la transformation alimentaire, caractérisé par une forte composante de genre, reçoit une moindre attention de la part des interventions de développement, souvent axées sur la production agricole », ont constaté les promoteurs du projet. Dès lors, la stratégie d’intervention du projet est basée sur le renforcement des filières des produits locaux par l’appui des petites entreprises de transformation de céréales, de fruits et de légumes, afin d’améliorer la qualité, l’accès au marché et la valorisation des produits locaux. Ainsi le projet accompagne les entreprises bénéficiaires à travers un parcours de renforcement des compétences et d’amélioration de la qualité de leurs produits pour l’obtention d’autorisation FRA et une meilleure commercialisation de leurs productions. Pour permettre à la population de s’imprégner de ces produits, une demi-journée de dégustation a été organisée. « Cette journée est un moment de partage. A travers celle-ci, nous voulons promouvoir la valorisation des produits locaux pour qu’il y’ait une alimentation saine basée sur des produits locaux de qualité », a souligné Mme Patrizia Dorado, représentante de l’ONG italienne IPSIA au Sénégal. Selon Mme Dorado, des diagnostics ont été menés et il fallait accompagner cette dizaine de Gies dans leurs activités et leur faciliter l’acquisition de cinq autorisations FRA pour chaque groupement. « Ces autorisations leur ouvre des opportunités et montrent la traçabilité et la qualité du produit », a-t-elle soutenu face à la presse.
Mr Gassama, directeur régional du Ministère du Développement communautaire, de l’Equité sociale et territoriale, remettant une attestation à une responsable d’une entreprise de transformation et son autorisation FRA
Pour sa part, le directeur exécutif de l’ONG AgriBio Services soutient que cette journée est une occasion pour promouvoir le consommer local. «On ne peut pas parler de consommer local en laissant en rade les entreprises qui sont dans la transformation. Ces entreprises qui se sont réunies ici sont gérées par de braves femmes. Cela montre que si on les accompagne, elles pourront faire leur bonhomme de chemin. Car ces groupements sont des vecteurs de promotion du consommer local. C’est la raison pour laquelle les ONG IPSIA et AgriBio Services ont essayé à travers ce projet de leur remettre non seulement des attestations de formation mais également des autorisations FRA. Par la même occasion, nous voulons les récompenser des efforts qu’elles ne cessent de fournir pour promouvoir le consommer local », a plaidé M. Thiam. Selon lui, à travers ces activités, les deux structures veulent montrer en face de la ville que le consommer local ne doit être un vain mot. «Pour nous, les conditions sont d’abord d’accompagner ceux ou celles qui s’activent autour, ensuite d’assurer que leurs produits soient disponibles aux consommateurs et que le prix soit aussi accessible. L’autre défi est de trouver des voies et moyens pour que la commercialisation de leurs produits ne constitue pas un obstacle. Le problème qui réside maintenant c’est le marketing. Il faut travailler sur les emballages, le design pour rendre leur produit plus attrayant », a plaidé M. Thiam. Une idée que partage le coordonnateur du projet IPSIA. « La commercialisation constitue le goulot d’étranglement pour ces entreprises. Souvent les consommateurs décrient le non-respect des normes de transformation. A cela s’ajoute l’insuffisance de marketing », se désole Mouhamadou Moustapha Gning. Toutefois, souligne-t-il, nous avons insisté sur le marketing. D’ailleurs nous avons élaboré un plan marketing en ce sens. Nous avons mis des équipes qui sont en permanence à Thiès pour qu’à la fin du projet, elles puissent continuer l’accompagnement sur des actions précises pour renforcer la commercialisation et la promotion des produits. D’ailleurs, rappelle-t-il, les entreprises ont participé à des foires, à des week-end bio. Ces actions entrent dans le cadre de la promotion qui va certainement influencer sur la commercialisation. Des livrets de recettes seront aussi édités pour permettre à la population de s’en inspirer pour préparer certains menus dans les maisons.
Ababacar GUEYE