La présidente de l’entreprise Sen saveurs de Pout Mme Madjiguène Derviche Guèye
Dans la zone des Niayes, ce sont des milliers de tonnes d’oignon qui pourrissent chaque année, à cause de la mévente due à la concurrence «déloyale» créée par des agrobusiness européens au détriment des producteurs locaux. Une situation insoutenable dénoncée par les producteurs et dont des femmes de Pout ont commencé à proposer une alternative. Il s’agit du séchage de produits horticoles, afin de pouvoir les conserver pendant plus de 6 mois. C’est l’entreprise Sen saveurs de Pout qui a fait cette innovation au cours de la journée du «Consommer local et de l’innovation agroalimentaire», organisé, la semaine dernière, par AgriBio Services et son partenaire de l’Ong italienne Ipsia. Laquelle innovation a été récompensée par un prix. Se réjouissant de cette distinction, Madjiguène Derviche Guèye indique que «Sen saveur a réussi à trouver une solution sur la mévente de l’oignon». La présidente de l’entreprise Sen saveurs de Pout de revenir sur cette innovation et expliquer : «Nous avons vu actuellement qu’au Sénégal, surtout dans la zone des Niayes, où je me trouve, les agriculteurs avaient des méventes et autres difficultés liées à la commercialisation de l’oignon. Et d’ailleurs, une partie de leurs récoltes a été enterrée l’année dernière.» Toutes raisons, selon elle, de l’idée de transformer ce produit horticole. «C’est pourquoi, nous avons innové en transformant l’oignon en oignon séché pour trouver une solution face à ce problème.» Ce n’est pas tout. «Nous avons aussi transformé les tomates de même que les carottes en chips pour nos enfants. Parce que ces derniers n’aiment pas beaucoup manger les légumes. Aussi nous avons transformé les feuilles de moringa en chips aussi pour nos enfants. Ce sont ces produits que nous avons présentés et qui nous ont valu ce prix de l’innovation», ajoute-t-elle. Mme Guèye, qui s’active dans la transformation depuis 2000, n’a pas manqué de lancer un appel à l’Etat pour qu’il aide les petites entreprises à avoir des séchoirs fonctionnels qui puissent supporter une grande production. Comme ça, dit-elle, «il n’y aura plus d’oignon enterré au Sénégal. Il n’y aura plus de mévente. Il y aura de l’oignon durant toute une saison». Parce que, à l’en croire, l’oignon, une fois transformé, peut être conservé pendant plus de 6 mois et l’oignon séché peut être utilisé dans tous les plats que l’on cuisine au Sénégal. «Le gouvernement du Sénégal fait beaucoup pour la transformation, mais on veut que cet accompagnement soit plus beaucoup visible et beaucoup plus proche des acteurs que nous sommes et qui sont dans des zones beaucoup plus reculées que les autres, mais qui font de bonnes choses», plaide-t-elle. Surtout que, espère Mme Guèye, «le métier de la transformation sera bientôt l’activité phare du Sénégal. Actuellement, nous recevons des étudiants des Isep de Thiès de Bignona, des élèves des lycées techniques, mais également des étudiants en agro-alimentaire». Ce qui «veut dire que c’est un métier porteur», selon Madjiguène Derviche, qui a reçu par la même occasion, avec 9 autres entreprises actives dans le secteur de la transformation alimentaire des produits locaux dans le département de Thiès, des attestations de fin de formation et des autorisations Fra au cours de la journée de présentation et de dégustation des produits locaux transformés par ces entreprises. Laquelle journée entre dans le cadre de la mise en œuvre du projet de «Renforcement des Gie de transformation pour l’autosuffisance alimentaire au Sénégal», cofinancé par la Région Friuli Venezia Giulia. Un projet qui a pour objectif de promouvoir la consommation des produits locaux comme porte d’entrée pour l’autosuffisance alimentaire au Sénégal. Et ainsi réduire la dépendance du Sénégal à l’importation des produits alimentaires.
Par Ndèye Fatou NIANG
Correspondante nfniang@lequotidien.sn
Le Quotidien N° 5648 du mardi 22 décembre 2021