Les femmes de Thilombol ont reçu en novembre dernier, dans leur champ collectif, une forte délégation. La présidente de la calebasse a montré les capacités d’initiatives de son organisation qui ont abouti à l’acquisition d’un terrain à 500 000 F CFA. Malgré les acquis, elle sollicite un appui pour accéder à l’eau afin de pouvoir exercer pleinement leurs activités.
Les visiteurs suivent les explications des membres des calebasses de solidarité
« Depuis la création de la CDS, nous nous efforçons de travailler en communion pour une vie meilleure de nos membres. Tous les membres de la calebasse se donnent à fond dans le champ. Elles sont dans les travaux champêtres, aux corvées d’eau pour arroser le champ’’, a expliqué début novembre Marième Moussa Thiam. La présidente de la calebasse de solidarité de Thilambolo Diankobé de la commune de Thilombal dans la région de Saint Louis a, devant les délégations composées du président de Bamtaaré, de la coordination nationale d’action de Carême Suisse au Sénégal, du maire de la commune de Dodel et d’éminentes personnalités qui avaient pris part à la visite du champ collectif de sa calebasse, loué les mérites des femmes de sa calebasse. Sous une chaleur suffocante, les membres de la calebasse ont répondu présents aux corvées d’extraction des graines des pastèques qui serviront de semences pour le prochain hivernage, mais également de matière première pour la préparation du couscous. Lequel couscous servira d’alimentation en période de soudure.
L’inaccessibilité de l’eau plombe leurs activités
Dans cette parcelle d’un demi hectare, certaines d’entre elles ramassent les milliers pastèques. D’autres se chargent d’extraire les graines avant de les sécher. « Le séchage prend juste quelques jours, après nous les conservons dans nos greniers », explique Hady DIA animateur à Bamtaare. Sous un jujubier où la délégation a pris place la présidente se réjouit de l’acquisition de cette parcelle. En effet, si dans certaines zones, l’accès à la terre pour les femmes est une contrainte, à Thilombal la présidente soutient que cela ne constitue pas un obstacle. « Nous avons rendu visite au chef de village et nous lui exposé notre projet de champ. Dans un premier temps, il nous a prêté une parcelle pour qu’on y fasse du maraichage. Ensuite nous avons installé un robinet et avons commencé à exercer nos activités. De fil en aiguille, avec nos maigres sommes nous avons acheté la parcelle à 500 000 F CFA », a confié Marième Moussa Thiam sous le regard attentif de la délégation. Leur famille les accompagne dans les travaux et dans l’entretien de la parcelle. Ceci leur a valu d’exploiter de la pastèque, du haricot (niébé) et de l’oseille de Guinée (Bissap). «La production des différentes spéculations nous rapportent près de 500 000 F CFA par saison », a-t-elle indiqué en soutenant que la parcelle est bien entretenue pour répondre aux recommandations de certains intervenants. « Nous avons payé près de 50 000 F cfa pour la débroussailler, sans compter les autres frais. Nous avons également dépensé plus de 125 000 F CFA pour refaire la clôture et l’achat des semences. Lors de l’hivernage nous avons aussi payé 45 000 F CFA pour le labour des mauvaises herbes. Même les membres de la CDS viennent de temps en temps enlever les mauvaises herbes », a soutenue Mme Thiam. En plus, les femmes ont payé le raccordement des tuyaux. Elles ont aussi construit des bassins. « L’accès à l’eau constitue une contrainte. La parcelle est loin des concessions. Nous cherchons l’eau dans les ménages ou bien nous partons au fleuve pour remplir nos bassins. C’est un travail pénible pour les femmes », se désole Mme Thiam.
Les responsables de Bamtaaré et la coordination nationale en visite dans le champ collectif
L’extension du forage, un espoir pour soulager les femmes
Outre cet obstacle, la présidente de la calebasse sollicite du grillage pour clôturer la parcelle afin de la protéger des rongeurs. Toutefois devant la délégation, la présidente magnifie l’accompagnement des animateurs de Bamtaaré qui ne cessent de les assister. Emu par leur détermination, le président de Bamtaaré se désole de voir des femmes mobiliser des fonds pour acquérir une parcelle. « Avec ce qu’elles font dans leur parcelle c’est absurde d’affecter des terres à des groupements, à des associations, à des individuelles et laisser en rades des femmes travailleuses très organisées au point qu’elles décident d’acheter leur parcelle. Cela me fait très mal », déplore Thierno Aliou Ba qui sollicite l’appui de la commune. Cette dernière dont l’édile a pris part à cette visite de terrain, a pris l’engagement d’appuyer les femmes pour accéder à l’eau. « Nous verrons avec l’extension du forage comment elles pourront en bénéficier pour leur parcelle », a promis le maire Doro Mbaye. Le coordinateur national d’Action de Carême « salue l’engagement du maire ». « Cette visite est très importante pour nous de la coordination. Lors de nos missions de suivi, nous n’avons pas l’habitude d’effectuer des visites de terrains. Cette fois-ci, nous avons eu l’occasion de voir de visu ce que les femmes ont pu réaliser », a souligné M. Djibril Thiam. Son assistante quant à elle, se réjouit de l’acquisition de cette parcelle. « Aujourd’hui l’accès à la terre est un casse-tête un peu partout, mais vous êtes parvenues à trouver un terrain pour y exercer les activités agricoles. Je vous en félicite », conclut Mme Ndèye Ndébane Wade Ndiaye.
Ababacar GUEYE