Intégrer la résilience dans les stratégies de lutte contre la soudure et l’endettement, échanger sur l’évolution des 12 réseaux de calebasses de solidarité et leur niveau de performance, tels ont été, entre autres, les différents points sur lesquels les organisations partenaires d’Action de Carême Suisse au Sénégal (AdC) ont échangé du 15 au 17 septembre à Thiès.
La rencontre, la 3èmedu genre, organisée par la Coordination nationale d’AdC entre dans les activités phares de la coordination. En effet, ce sont des rencontres annuelles au cours desquelles, des thématiques spécifiques sont abordées. Celle-ci, qui vient d’être bouclée, a porté sur la résilience communautaire dans le cadre de la lutte contre la soudure et l’endettement. ‘’L’objectif de la rencontre ayant été de partager, au cours de ces trois jours, sur l’évolution des 12 réseaux de calebasses de solidarité notamment sur leur niveau de performance, leur adaptation par rapport à la pandémie. Il s’est agi également d’échanger sur comment réduire les risques de soudure et d’endettement dans les communautés’’, a expliqué Mr Djibril Thiam (lire interview).
Le coordinateur national qui animait l’atelier en compagnie du Secrétaire général du RENOLSE, M. Samba Mbaye, soutient que ces rencontres constituent des moments forts d’échanges, mais surtout de partages des activités que les organisations partenaires ont eu à dérouler. Une sorte de mise en niveau pour tous les partenaires.
Ainsi, animatrices, animateurs, chargés (es) de programmes, Coordinateurs ont présenté tour à tour les activités de leur réseau fédéral à l’exception du COCOGEP et de la Fejac qui sont dans le processus du réseautage. Au cours des différentes présentations, le constat est le même, les réseaux fédéraux essayent tant bien que mal d’effectuer des actions par le truchement de rencontres de sensibilisation ou d’activités de Mécanismes d’Autofinancement communément appelés (MAF). D’autres ont effectué de la transformation des produits locaux et du consommer local, de la production de savon et d’eau de javel. Pour d’autres ce sont des sessions de formation sur les innovations locales pour l’amélioration des revenus et de visites d’échanges auprès d’autres réseaux fédéraux sur la mise en place de coopérative de consommation.
Malgré tous leurs efforts consentis en termes de mise en marche des réseaux fédéraux, des contraintes liées à la faiblesse des ressources financières, à l’analphabétisme de certains membres ainsi qu’au manque de moyens de déplacement et l’enclavement des zones ont été soulevées au cours des échanges. Toutefois, M. Thiam a suggéré aux participants de ne pas perdre de vue la mission du réseau qui est « le soutien à l’économie locale des membres des calebasses de solidarité, le plaidoyer pour l’insertion de l’approche calebasse de solidarité dans les stratégies de développement local, le renforcement des capacités des membres des calebasses de solidarité et de leurs réseaux (proximité et fédéraux) et l’autonomisation des calebasses de solidarité ».
Outre les activités semestrielles des réseaux fédéraux, la coordination nationale a eu à effectuer une formation de quatre modules sur la résilience communautaire dans le cadre de la lutte contre la soudure et l’endettement dans ce contexte du Sahel. Il s’agit des risques de catastrophes, de vulnérabilité liés à la soudure/endettement, de la planification, de la réduction des risques de catastrophes, des stratégies de lutte contre la soudure et de l’approche de suivi-évaluation de la gestion des risques. Pour une meilleure compréhension de ces thématiques, le coordinateur national a défini et présenté quelques concepts de base notamment les moyens d’existence, la résilience, les aléas, les chocs et la soudure. Ainsi le moyen d’existence a été défini comme étant la manière dont un individu ou un ménage « gagne » sa vie et vit de manière générale ». La finalité d’une telle approche étant, fait-il noter, d’aboutir à une compréhension holistique de la situation dans laquelle les ménages vivent. La manière dont les ménages sont affectés par les chocs, leurs vulnérabilités et leurs capacités à faire face à ces chocs. Ainsi un ménage a été scindé en cinq capitaux : physique, humain, financier, naturel et social.
En zone agroécologique, les participants ont identifié les chocs et les stress ainsi que leurs impacts dans les ménages avant de proposer des capitaux de ripostes.
S’agissant des risques de catastrophes et vulnérabilité, il a été question d’identifier les types d’aléas susceptibles de se produire et ayant un impact négatif sur le phénomène de la soudure et de l’endettement. Dans le même ordre d’idées d’analyser le niveau de probabilité dans lequel ces phénomènes pourraient se produire. Enfin, identifier les conséquences de leurs évènements et définir les stratégies devant leur permettre de se prémunir ou de réduire les dégâts. Le même exercice a été effectué et chaque zone a proposé deux types de stress, évalué son impact, défini des objectifs pour ensuite élaborer des stratégies pour venir à bout de ces phénomènes.
Dans une ambiance bon enfant, les participants ont identifié les phénomènes et catastrophes qui pourraient surgir dans leurs localités respectives avant de définir des objectifs et proposer des stratégies résilientes et durables dans leur communauté.
Aba GUEYE
Projet de lutte contre la soudure et l’endettement : Quatre OP d’AdC évalués par un bureau de consultance
Quatre organisations partenaires d’Action de Carême Suisse au Sénégal à savoir Alse (Association pour la Lutte contre la Soudure et l’Endettement) en Casamance, d’UCEM (Union des Comités Ecologiques de la vallée du Mininky) à Koungheul, d’ADK (Association pour le Développement de Keury-Kao) à Thiès et de Bamtaaré au Fouta ont été évaluées par le bureau de consultance CONCEPT basé à Dakar. L’objectif de l’évaluation était de mesurer les effets des projets de lutte contre la soudure et l’endettement et l’analyse institutionnelle de ses organisations partenaires. Le constat unanime a été que la stratégie calebasse de solidarité est pertinente. Elle est efficace, durable et résiliente.
Les effets des calebasses de solidarité sont de divers ordres. Ils peuvent être analysés sous différentes angles (sociaux, financiers, techniques, économiques, organisationnels, qualitatifs, quantitatifs, matériels et immatériels, individuels ou collectifs, temporaires, permanent, etc.).
Selon les consultants, il existe des effets à différents niveaux d’analyse : au niveau des individus (valeurs, croyances, normes de comportement, relations sociales et économiques, estime de soi), au niveau des ménages (prise en charge des besoins alimentaires, des soins de santé, de la scolarisation des enfants). Dans les relations entre les membres des calebasses, ils constatent une meilleure connaissance mutuelle, une reconnaissance des compétences et du leadership de certaines personnes jusque-là isolées). Au sein des communautés, le renforcement des actions collectives, l’amélioration de la gestion des biens et services communs ont été notées.
L’autre aspect non moins important est le nombre de CDS et de personnes enrôlées dans les CDS, le volume important de l’épargne mobilisée et des crédits distribués. A cela s’ajoute les formations reçues et le nombre et les coûts des projets individuels ou collectifs financés aux membres des CDS. Au plan social, les CDS ont contribué à la réduction de la vulnérabilité tout comme elles ont banni la rupture et l’isolement des plus vulnérables. Les CDS ont permis une meilleure prise en charge des questions de santé des membres des familles et de scolarisation des enfants, etc.
Au plan organisationnel, les consultants notent le renforcement du niveau de développement, de la visibilité et de la reconnaissance des CDS par les autorités locales et les autres acteurs des organisations.
En termes de développement relationnel, les quatre OP sont des partenaires régulièrement soutenus par Action de Carême Suisse depuis une quinzaine d’années. Ce partenariat a permis que ces associations soient membres du RENOLSE (Réseau national des Organisations de lutte contre la soudure et l’endettement) et leurs CDS membres Réseau national des Calebasses de Solidarité (RENCAS). Ces organisations entretiennent de bonnes relations avec les collectivités territoriales, les autorités administratives, les services techniques et les projets et acteurs locaux (radios communautaires, mutuelles de santé).
Cependant, ils déplorent que ces quatre OP n’aient pas beaucoup évolué dans la diversification de leurs relations partenariales. A cet effet, ils recommandent de trouver d’autres partenaires pour les accompagner. Entre autres recommandations et défis à relever, ils suggèrent au cours des années à venir à sensibiliser les hommes pour intégrer les CDS, il ne semble pas y avoir une stratégie élaborée d’implication des hommes. Ils préconisent de partager davantage le modèle des Calebasses de Solidarité qui peut inspirer d’autres ONG nationales et internationales.
A.G
