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La chargée de programme

Entretien avec….

………Ndèye Yacine Cissé,

Chargée de Programme Soudure/Endettement
Agrecol/Afrique

« Nos sensibilisations sont axées sur quels aliments il faut donner à l’enfant, comment composer un plat complet pour qu’il puisse avoir une bonne croissance »

Dans le programme de l’autonomisation des réseaux de Calebasses de solidarité (2021-2023) déroulé par l’OngAgrecol/Afrique à Sessène, la stratégie art culinaire tient une place de choix. La chargée de programme revient, dans cet entretien, sur  la journée d’éducation nutritionnelle à Guédiane et recommande la consommation des produits locaux parce que riches en vitamines.

Art culinaire
 Mme Ndèye Yacine CISSE, chargée de programme à Agrecol/Afrique

Pouvez-vous revenir sur le pourquoi de cette journée d’éducation nutritionnelle à Guédiane?

Cette journée a été organisée dans le cadre de nos séances sensibilisation sur la nutrition des enfants de zéro à cinq ans (0-5 ans). La nutrition est une stratégie qui fait partie de notre programme. Au cours de nos journées de sensibilisation, nous tenons des séances de diagnostic, de démonstration culinaires et des causeries. Ce programme que nous déroulons a démarré en décembre dernier et se termine au mois de novembre 2023. Il porte sur l’autonomisation des réseaux de Calebasses de solidarité. Nous avons pour objectif de rendre autonome les femmes surtout dans cette zone de Sessène où nous avons fait onze ans d’accompagnement et d’appui. En effet, depuis 2006, nous  assistons les populations à travers nos différentes stratégies. Aujourd’hui, nous sommes dans le réseau des CDS de Guédiane qui regroupe quatre CDS. Nous les avons réunies pour suivre la sensibilisation sur la nutrition des enfants de 0 à 5 ans dont a en charge la conseillère en nutrition à Agrecol, Mme Aïcha Turpin Ndiaye.

 Agrecol/Afrique intervient dans plusieurs zones, comment vous faites pour assurer la sensibilisation nutritionnelle ?

Nous avons opté pour l’autonomisation. A cet effet, nous avons tenu à former des relais. Etant donné que la conseillère en nutrition a, à sa charge, plusieurs zones d’interventions, il est judicieux de former des relais pour assurer le suivi nutritionnel dans leur zone respective, puisse que nous comptons nous retirer progressivement dans certaines zones. C’est la raison pour laquelle, pour ce premier semestre du programme, la conseillère en nutrition s’est investie uniquement  dans la zone de Sessène pour renforcer les capacités des relais afin qu’elles puissent faire le suivi nutritionnel dans la localité.

Comment avez-vous trouvé la situation lors de votre première visite dans la localité qui a une vocation agricole ?

Effectivement, la commune de Sessène est une zone par excellence agricole. Malheureusement, elle  fait partie des communes les plus exposées à la soudure. Ici la soudure est précoce parfois dès le mois de mars, les greniers sont vides. C’est la raison pour laquelle, on trouve dans cette zone des cas de malnutrition. A notre premier passage, je rappelle que nous sommes à notre troisième passage, la situation n’était pas fameuse. Nous avons trouvé des cas d’anémie grave. Mais au fur et à mesure que nous tenons des séances de sensibilisations et de nutrition, nous avons constaté aujourd’hui des améliorations nettes chez certains enfants. Si on y arrive, c’est grâce aux leçons de la conseillère en nutrition qui s’est beaucoup investie et de l’appui du relais qui n’a ménagé aucun effort pour sensibiliser les femmes des réseaux. Nous jouons plus sur la prévention avant que l’enfant ne soit atteint de la malnutrition. Les sensibilisations sont axées sur quels aliments il faut donner à l’enfant, comment composer un plat complet pour que l’enfant puisse avoir une bonne croissance.

Quel est l’impact de ces sensibilisations ?

Avec les sensibilisations que nous avons faites, nous pouvons dire que plus de 25% des enfants ont vu leur situation nutritionnelle redressée. En effet, sur les 92 enfants pesés, les 76 ont une alimentation équilibrée. Lors de nos premières séances, les enfants qui étaient en situation d’anémie ont retrouvé une alimentation saine équilibrée au regard des résultats obtenus. Leur état nutritionnel s’est amélioré grâce aux séances de sensibilisation et à la démonstration culinaire, mais surtout à la pratique. Pour cette dernière, nous leur montrons comment préparer ces plats. Maintenant, c’est aux mamans de cuisiner pour leurs enfants. C’est pourquoi, vous avez vu aujourd’hui que ce sont elles-mêmes qui préparent la farine améliorée, d’autres sont sur le jus. C’est l’objectif recherché de ces séances de démonstration. Le but est d’arriver à démultiplier ces plats dans leur ménage afin que les enfants puissent les consommer.

Que comptez-vous faire pour changer la donne face aux femmes qui ont des croyances empiriques sur certains produits?

Les femmes ont tendance à dire que les farines améliorées vendues dans les grandes surfaces sont meilleures que celles qu’elles préparent, alors que ce n’est pas le cas. Les produits locaux sont très riches en minéraux et en vitamines. Ils contiennent tous les éléments nutritifs dont un enfant a besoin pour avoir une bonne croissance. Donc nous mettons l’accent sur le consommer local parce que nos produits locaux n’ont rien à envier aux laits et farines importés qui envahissent nos boutiques les plus reculées. Mieux, nos produits locaux sont accessibles et peuvent améliorer l’état nutritionnel des enfants. L’éducation nutritionnelle ne se limite pas seulement aux mamans. La conseillère en nutrition recommande aussi aux femmes enceintes de manger sain, parce qu’une mère enceinte bien portante donne vie à un enfant en bonne santé. Ce dernier avec un peu d’accompagnement et de suivi, il pourra se développer normalement.

Propos recueillis par Ababacar GUEYE

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