Des collaborations, la moisson de cette édition
Au cours de la 3ème édition de la Journée Nationale de la Calebasse de Solidarité (JNCS) tenue à Thiès en fin novembre dernier, les organisations partenaires (OP) d’Action de Carême Suisse (ADC) Sénégal ont réussi le pari de la mobilisation. Venues des quatre coins du pays, ces OP ont présenté les résultats de leurs calebasses de solidarité en termes de mobilisation de fonds et d’adhésion des membres. Des résultats qui ont ému plus d’un. Autorités locales, administratives, représentant du peuple, Organisations d’appui au développement ont tous salué l’approche d’autonomisation d’AdC Sénégal. Des acquis qui ont amené le ministère de la micro finance et de l’économie sociale et solidaire à réaffirmer sa disponibilité à collaborer avec ADC au bénéfice des populations. La direction régionale du développement communautaire de Thiès n’est pas reste. En convergence de vue, elle a invité la coordination nationale à manifester ses besoins et ses préoccupations qui seront considérées comme des axes de coopérations pour une synergie d’actions.
Après Thiès en 2017 et Saint Louis en 2018, la 3ème édition de la journée nationale de la Calebasse de solidarité (JNCS ) s’est tenue, une nouvelle fois, fin novembre , dans la capitale du rail. Organisée par le Réseau national des organisations de lutte contre la soudure et l’endettement (RENOLSE) en collaboration avec AgriBio services, cette journée a une nouvelle fois réuni toutes les organisations partenaires d’Action de Carême Suisse au Sénégal.
Les bénéficiaires s’approprient de cette démarche de financement solidaire
Présidée par Mme Khady Samba, directrice des opérations stratégiques au ministère de la Micro finance et de l’Economie Sociale et Solidaire, cette manifestation a vu la participation du représentant du gouverneur, de l’honorable député Mme Bousso Ngom. Les services nationaux, organisme de développement ont également pris part à cette journée tenue à la Chambre de commerce de Thiès.
Pour donner un cachet particulier à cet événement, la chargée de programme et le directeur Sud Action de Carême Suisse ont tenu à y participer.
Dès les premières heures de la matinée, les organisations partenaires d’AdC s’affairent autour des stands dressés pour la circonstance. Venues du Fouta, du centre et du sud du pays, ces OP ont présenté leur culture et étalé leurs produits agricoles, halieutiques et autres. ‘’On a parlé de journée de calebasse, c’est aussi une occasion de présenter au public la facette culturelle de la région de Ziguinchor’’, a expliqué Mme Nafissatou Guèye, secrétaire générale du réseau Koussek, au terme de la visite effectuée par les autorités.
Pour le coordinateur national d’AdC Sénégal qui a accompagné ses hôtes, cette journée est pleine de sens. En effet, elle constitue une occasion pour présenter au public les différentes activités qui gravitent autour de la Calebasse de solidarité. Selon M. Djibril Thiam, la calebasse de solidarité dépasse les frontières. Si elle est arrivée à ce stade, dit-il, un travail de longue haleine a été effectué. En effet, confie-t-il, « la Calebasse de solidarité a démarré vers les années 2000 et on pensait que c’est quelque chose qui allait prendre beaucoup de temps avant d’être appropriée par les populations ». Cependant, poursuit-t-il, « nous avons été très surpris par la vitesse à laquelle, les populations se sont appropriées de cette démarche de financement solidaire ». En 2018, les CDS étaient de1045, aujourd’hui elles font plus de 2000. « En une année, on a plus de 1.000 CDS. Cela montre l’impact que les CDS ont une importance au niveau des communautés, mais surtout l’appropriation que ces dernières ont fait de cet instrument qui est un outil de promotion sociale et solidaire’’, se réjouit M. Thiam face à la presse.
Etablir des passerelles appropriées entre les CDS et les IMF à la base
L’originalité de cet outil repose sur sa souplesse. En effet, sa mise en place ne demande pas trop de moyen. Il s’agit juste de sensibiliser les gens et ces derniers utilisent leurs propres moyens. La gestion part n’est pas non plus très bureaucratique. Il suffit que les membres sachent les règles de gestion locale pour se l’approprier. Sa démarche épouse également les réalités locales, culturelles et religieuses. « Cette démarche nous a valu d’avoir des CDS aussi bien en milieu rural, urbain et péri-urbain. Aujourd’hui si vous prenez 100 CDS, les 40 sont en milieu urbain et péri-urbain », a indiqué M. Thiam.
De son côté, le gouverneur se réjouit de cette rencontre qui permet aux invités de mieux s’imprégner des résultats des calebasses de solidarité. Et Arona Ndiaye de dire que, la calebasse est devenue un outil de renforcement de cohésion sociale. A cet effet, il a exhorté aux OP d’œuvrer pour sa pérennisation, voire de l’étendre dans d’autres localités. « La mobilisation d’aujourd’hui montre que la CDS est fédératrice. Elle crée une union sacrée autour d’un but unique, à savoir l’autonomisation des familles », a lancé le gouverneur avant de les inviter à maintenir le cap.
La représentante du Ministre de la Micro finance et de l’Economie Sociale et Solidaire abonde dans le même sens. En effet Khady Samba soutient que la calebasse de solidarité pourrait être considérée comme « une forme sénégalaise de microcrédit ». Une approche de solidarité qui vise le renforcement de la solidarité, la réduction des inégalités et la protection contre les formes d’usure.
Elle est largement revenue sur l’importance de la calebasse au sein de la famille. En effet, sur une base de contribution volontaire et anonyme, la calebasse permet de financer des projets avec souplesse et dans des délais de remboursement presque nuls. Sa mise en œuvre également a permis d’atteindre des résultats significatifs, notamment un meilleur accès aux services sociaux de base pour les bénéficiaires, l’amélioration de l’alimentation des populations en qualité et en quantité, ainsi que la réduction de la dépendance de financement de l’extérieur. « Nous pouvons donc affirmer que les CDS entrent en droite ligne avec la politique de l’économie sociale et solidaire », a témoigné Mme Samba. Dans une salle pleine à craquer, elle a réaffirmé la disponibilité du ministère à collaborer avec ADC au bénéfice des populations. « Le ministère est dans un processus d’élaboration de la lettre de politique sectorielle de la micro finance et de l’ESS pour promouvoir le développement et la promotion. Une étude sur la situation de référence est en cours. Et pour tous ces chantiers, le ministère compte s’appuyer sur l’expertise de toutes les parties prenantes afin de disposer d’une stratégie nationale de l’ESS, inclusive, fédérative et d’une loi d’orientation de l’ESS fondée sur nos vécus et nos réalités socioculturelles. L’orientation du ministère est de faire de la micro finance, un levier de développement de l’ESS», a-t-elle annoncé. Cependant, elle a attiré l’attention du public sur la diversité de formes de financement. « Il nous faudra établir des passerelles appropriées entre les CDS et les institutions de microfinance (IMF) à la base », suggère-t-elle.
Venu de la Suisse pour uniquement assister à cette 3ème édition de la JNCS, le directeur Sud Action de Carême Suisse a salué l’engagement des OP qui ont approprié l’approche calebasse de solidarité. « Je suis heureux de rencontrer des personnes engagées travaillant pour la bonne cause », a magnifié M. Marcus Brun. Il a rappelé la mission d’ADC qui promeut l’aide à l’autonomie en visant les groupes les plus vulnérables. M. Brun a laissé entendre que l’action des CDS a porté ses fruits à Action de Carême Suisse. « Nous avons fait l’année dernière une évaluation scientifique. Cette étude avait montré que les CDS rendent les personnes plus autonomes. Vos actions sont à féliciter », a témoigné Marcus Brun.
