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Actualité : ENTRE NOUS……
AGROECOLOGIE
Quel changement de paradigme pour une recherche favorable à l’agroécologie
La recherche et le développement agricoles se sont traditionnellement focalisés à nourrir
la population mondiale qui souffre de la faim surtout après les deux guerres mondiales.
Ainsi, l’agenda de la recherche a été de trouver et d’introduire des technologies et des
services de soutien afin d’améliorer le rendement des exploitations agricoles.
Les révolutions vertes nées de cet agenda ont eu des succès retentissants dans les
années 1960 et 1970 surtout en Asie. Cependant, des effets très négatifs (pollution
nappe phréatique, perte de biodiversité, endettement des paysans, etc.) ont été
constatés. Ainsi de nouveaux défis sont apparus pour la recherche et le développement
agricoles en dehors d’augmenter les rendements agricoles comme le renforcement de la
capacité des communautés agricoles locales à innover, à apprendre et à expérimenter
en permanence afin d'améliorer leurs moyens de subsistance agricoles. Ce nouveau défi
requiert de nouvelles façons de concevoir et de réaliser la recherche et le
développement agricole. Il ne s’agit plus principalement de produire et de transférer des
technologies modernes à des utilisateurs finaux passifs, mais au contraire, de
promouvoir des processus d'apprentissage qui génèrent une diversité de produits de la
connaissance, allant des innovations technologiques aux innovations socio-
institutionnelles ou organisationnelles tout en créant une synergie d’actions entre des
acteurs différents (la recherche, la vulgarisation, les organisations paysannes et le
secteur privé).
Dans cette nouvelle façon de faire de la recherche, il faut d’abord accepter et reconnaitre
que la recherche et le développement ne peuvent plus être le domaine exclusif des
scientifiques, mais plutôt un processus conjoint qui regroupe une diversité d'acteurs,
d'utilisateurs ou de parties prenantes. En d’autres termes, cette nouvelle façon de faire la
recherche requiert une redéfinition du rôle des communautés agricoles ou des
populations locales en général qui passent du statut de simples bénéficiaires des
produits de la recherche à celui d'acteurs qui influencent le processus et y apportent des
contributions essentielles. Le développement Participatif de l’innovation (DPI) est une
des solutions pour relever ce nouveau défi de la recherche agricole pour le
développement. Ce d’autant la crise climatique pose de problèmes de plus en plus
croissants aux familles rurales d'Afrique subsaharienne. Les saisons des pluies irrégulières,
les sécheresses, les tempêtes et les inondations détruisent leurs récoltes, mettent en
danger la sécurité- alimentaire et en particulier leurs moyens de subsistance. Pour dire la
nécessite voire l’urgence d’une réorientation vers l'agroécologie et le renforcement de
l’adaptabilité des paysans face aux nouvelles conditions. Surtout qu’une étude a démontré

que les fermes qui ont participé à des projets agroécologiques au Kenya et au Sénégal sont
devenues plus résilientes. Elles sont mieux placées pour faire face aux périodes de crise et
assurer leur sécurité alimentaire.
Le rôle de l'agroécologie dans la politique climatique internationale a également été analysé
dans cette étude. Son potentiel comme levier d’adaptation de l’agriculture au dérèglement
climatique et sa contribution à la protection du climat sont de plus en plus reconnus.
L'agroécologie est de nature systémique, interdisciplinaire et holistique. Aussi les lois,
instruments politiques et stratégies actuelles restent généralement insuffisants pour la
mettre en œuvre. Il est nécessaire de repenser la formulation des politiques publiques et les
institutions pour pouvoir valoriser pleinement son potentiel. Car en effet le caractère
interdisciplinaire et systémique de l'agroécologie est un atout, mais également un défi parce
que cela nécessite de concevoir des politiques publiques et des institutions différentes pour
assurer une mise en œuvre.

PAR DJIBRIL THIAM

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